Les magazines l'Expansion et Challenges viennent de publier en même temps un dossier sur les réseaux.

Cette coïncidence s'explique par la parution de la dernière édition du guide d'Alain Marty sur les réseaux  qui comptent. L'Expansion titre son numéro de juin: "Les réseaux les plus influents - Ville par ville. Des francs-maçons aux clubs sportifs, ceux qui comptent (et ceux qui montent) pour réussir professionnellement". Tout un alléchant programme!

Le titre est accrocheur et la lecture du dossier nous permet de découvir la liste des cénacles discrets et des lieux réputés où, paraît-il, tout se décide.

En regardant attentivement le chapitre sur Paris, force est de constater que c'est le "grand buffet" des réseaux. On passe du Siècle au Racing Club, en passant par l'Association des Marseillais de Paris, le Dîner celtique, le Tir aux pigeons, Paris Entreprendre, l'Arop, Croissance Plus, le mouvement des colibris, etc. De quoi donner le tournis.

Si ce type d'article est toujours instructif, il est aussi frustrant pour le professionnel à qui la grande majorité des cénacles recensés ne sont pas accessibles. Ce dernier peut vite considérer que le Réseau n'est pas pour lui et ne concerne qu'une petite élite qui se coopte dans les salons feutrés.

En fait, la réalité du Réseau est différente de ce cliché réducteur.

Voici quelques réflexions pour éclairer ce sujet:

1) cela ne sert à rien d'être membre d'un réseau considéré comme influent si l'on n'y est pas actif et visible;

2) beaucoup de membres de ces réseaux se refusent de faire du Networking, par principe, ou alors ne savent pas comment s'y prendre;

3) l'essentiel n'est pas de faire partie d'un réseau d'influence lambda mais d'adhérer et de participer aux réseaux qui ont un sens et une utilité pour vous. La plupart de ceux-ci sont en dehors de la courte liste citée par le magazine;

4) Last but not least, ce qui fait la différence entre deux réseauteurs, c'est avant tout la science du Networking. L'amateur fait du réseau "salon de thé - petits fours " alors que le professionnel atteint ses objectifs parce qu'il connaît et applique les techniques du Réseautage efficace.

Confidences récentes de plusieurs réseauteurs:

Yvan: "J'ai reçu un mail personnalisé de Patrick m'annonçant qu'il a trouvé un nouveau job, et j'ai été très touché. En revanche, je n'ai toujours pas de nouvelles de Marcel, alors que je sais par la bande qu'il a commencé un nouvel emploi en CDI".

Patrick: "J'ai prévenu mon réseau que j'avais retrouvé un emploi. J'ai téléphoné ou écrit un mail personnalisé à chaque personne rencontrée pendant ma recherche et je suis frappé par le nombre de réponses et la gentillesse de celles-ci ."

Pascal: "J'ai donné à Jacques un super contact. Je sais qu'il l'a rencontré et que cela s'est très bien passé mais ce n'est pas Jacques qui me l'a dit... Il ne m'a absolument pas tenu au courant."

Xavier: " Antoine à qui j'ai demandé un rendez-vous ne m'a toujours pas rappelé, alors que je le connais et qu'en plus je l'appelais de ta part."

Jean-Jacques: "Lui, hors de question de l'aider à nouveau car il ne m'appelle que lorsqu'il a besoin de moi et il ne répond jamais quand je le sollicite".

Une des clés d'un réseautage efficace consiste à s'inscrire dans la durée et, dans cette perspective, il est essentiel d'assurer un suivi professionnel et scrupuleux de son réseau.

En recherche d'emploi, cela se traduit par la nécessité absolue de:

- remercier par écrit votre hôte après chaque rendez-vous physique réalisé

- le tenir au courant de chaque rendez-vous obtenu auprès des noms qu'il vous a donnés : un contact = un mot de remerciement au contact et au connecteur

- le prévenir personnellement lorsque vous avez trouvé un job: appel téléphonique, mail ou courrier

- penser régulièrement à lui pour qu'il pense à vous et ne vous oublie pas.

En poste, cela veut dire:

- répondre à toutes les sollicitations assorties d'une recommandation, quitte quelquefois à refuser poliment le rendez-vous si vous ne pensez pas être le bon interlocuteur

- envoyer des cartes de voeux personnalisées à chaque membre de votre réseau

- entretenir vos contacts Réseau via des déjeuners et des petits déjeuners.

En Réseau Business, vous devez:

- tenir au courant vos prescripteurs des rendez-vous pris avec les prospects qu'ils vous envoient

- les informer des missions/budgets ainsi gagnés

- entretenir de liens réguliers avec vos prescripteurs, préconisateurs, veilleurs, propagateurs, etc.

Le succès du Réseau passe par un suivi et un entretien minutieux de ce dernier.

Le bon réseauteur y est attentif. Le mauvais networker l'oublie trop souvent.

Témoignage de Maximilien:

Cher Monsieur,

Je vous contacte pour vous remercier de nous faire partager vos excellents conseils sur votre blog. La lecture de vos articles m'a permis de garder une bonne motivation dans ma recherche d'emploi que je menais en parallèle de mon précédent job. Il se trouve que c'est le réseau, parmi les différentes pistes que j'explorais, qui vient de me permettre de trouver mon nouveau poste, au sein de la direction stratégique d'une grande entreprise.

Cette opportunité m'a été signalée par ma femme. N'oublions pas le conjoint dans la recherche d'emploi! Ma femme assistait à un dîner où elle a rencontré une amie d'une de ses amies...qui avait entendu parler d'opportunités existantes dans l'entreprise en question. Cette amie d'amie a accepté de me mettre en relation avec son contact dans l'entité concernée et cette piste s'est révélée gagnante.

Après la mise en contact, j'ai rencontré quatre personnes successivement: l'actuel et l'ancien responsables du service, la DRH et un membre de la Direction Générale. La chance que j'ai eue est d'avoir été, dès le départ, positionné sur un entretien de recrutement et non sur un entretien de courtoisie.

Pour préparer les entretiens, j'ai réfléchi à clarifier trois points.

1) D'abord avoir un discours très clair sur les raisons qui me poussaient à quitter le conseil, tout en insistant sur tous les aspects positifs et structurant de cette expérience. 2) Ensuite, raconter une histoire cohérente prouvant que mon parcours professionnel me rendait légitime pour ce secteur particulier. 3) Enfin, illustrer les compétences que j'apportais par des missions réalisées et réussies dans cet univers.

Dans les phases de transition de carrière, parler de son projet autour de soi me paraît hautement recommandable.

Je note également que ce n'est pas toujours là où on l'attend que le Réseau finit par payer.

Bien cordialement,

Maximilien

Tout bon réseauteur qui veut bien réseauter doit:

1) entretenir son réseau existant;

2) développer de nouvelle connexions.

ENTRETENIR SON RESEAU EXISTANT

Beaucoup de professionnels ne pensent à faire du Networking que lorsqu'ils se trouvent dans une situation difficile (licenciement, recherche d'emploi, impasse professionnelle, lancement d'une nouvelle activité, etc.).  Une telle attitude constitue une erreur regrettable, mais hélas très répandue. Beaucoup de chercheurs d'emploi expérimentent ainsi douloureusement cette situation et s'en veulent d'avoir négligé leur réseau pendant toutes ces années passées à pédaler comme des malades, le nez dans le guidon.

Entretenir son réseau ne demande pas trop de temps. Il suffit d'être organisé. Les outils modernes de gestion de réseau, ou même les Viadeo et LinkedIn, voire les bons vieux tableaux Excell permettent d'assurer un bon suivi de ses connexions. Une bonne campagne de cartes de voeux en fin d'année, quelques déjeuners, petits déjeuners et autres rencontres complètent la stratégie d'entretien. Un réseau bien travaillé, à qui l'on pense à rendre service, est un réseau toujours prêt à vous soutenir.

DEVELOPPER DE NOUVELLES CONNEXIONS

Certes le réseau s'use si l'on ne l'entretient pas, mais il se aussi se déliter avec le temps. En effet, certains de vos contacts s'éloignent de vos cercles d'influence, d'autres partent à la retraite, et d'autres encore disparaissent. Il est donc indispensable de ne pas s'endormir sur son réseau existant et de consacrer du temps à élargir ce dernier en rencontrant de nouveaux professionnels.

De même, lorsque vous changez de secteur, et surtout de métier, le développement de nouvelles connexions devient une impérieuse nécessité. C'est ce que je dis aux cadres dirigeants qui se lancent dans la chasse de têtes au sein d'un grand cabinet. Je leur conseille de ne pas tout attendre de leurs contacts existants car ces connaissances risquent d'avoir du mal à leur mettre une nouvelle étiquette sur le front. De même, les cadres supérieurs qui deviennent coachs ne doivent pas trop compter sur leur premier cercle pour leur fournir des missions... La construction d'un réseau spécifique correspondant à un nouveau métier représente un investissement qui ne produira ses fruits qu'à moyen terme, alors autant commencer à le bâtir rapidement et méthodiquement.

En résumé, si vous désirez que le Réseau vous emmène loin, entretenez-le soigneusement et pensez à le renouveler de façon constante!

Dans le cadre de votre Networking professionnel, n'oubliez pas d'accorder une attention particulière aux journalistes. Car ces derniers, comme vous, travaillent en réseau et ils ont besoin de votre collaboration pour sortir en temps et en heure leurs articles, chroniques et interviews.

Philippe Duport, chroniqueur sur France Info, nous rappelle justement que la meilleure visibilité professionnelle se situe plus dans les media (presse, radio, TV, news sur le net) que sur les réseaux sociaux en ligne!

Or, pour être cité dans des articles, il faut bien comprendre comment fonctionnent les journalistes.

1) Ces derniers vivent dans l'urgence: ils doivent trouver très vite, sur chaque sujet qu'ils traitent, les deux ou trois spécialistes qu'il faut interroger. Pour dénicher ces perles rares, ils font appel à leur réseau. Ils détectent ainsi cinq ou six personnes et laissent des messages pour qu'on les rappelle. Et ce sont les trois premiers qui répondent qui seront le plus souvent cités. Conclusion: si un journaliste vous contacte, et que vous vous considérez compétent sur le sujet, rendez-vous rapidement disponible.

2) Vous serez d'autant plus cité dans le "papier" si vous prenez dix à quinze minutes pour organiser vos idées. Pour cela, écrivez les trois points clés que vous voulez mettre en avant et essayez de trouver des formulations impactantes pour les illustrer. Car ce seront ces dernières qui seront retenues. Ne faites pas l'erreur de donner de la guimauve à votre interlocuteur, il ne pourra rien en faire et vous serez frustré en lisant son article de ne pas voir votre nom alors que vous aurez passé  trente minutes au téléphone avec lui!

3) Contrôlez-vous et ne dites rien que vous puissiez regretter par la suite. Evitez le "off" et si par hasard vous en faites, demandez explicitement que vos propos "off" ne soient pas repris.

4) Devenez un "bon client" pour les journalistes. Car une fois repéré comme tel, vous serez souvent sollicité comme spécialiste d'un sujet.

5) En revanche, ne harcelez surtout pas les journalistes oeuvrant dans votre domaine pour qu'ils vous interviewent. Vous risquez de les faire fuir. C'est à eux de vous trouver. Grâce au réseau et à votre visibilité sur un domaine d'expertise.

6) Enfin, ne demandez jamais à relire l'article avant sa parution. Vous pouvez juste proposer de relire les propos qui vous sont attribués.

Sauf, bien sûr, si c'est une interview sous forme de questions - réponses.