Sociologue et professeur à l'université Paris-Descartes, Robert Sue est un des grands spécialistes français de la société civile. Dans son dernier ouvrage "Sommes-nous vraiment prêts à changer? Le social au coeur de l'économie", il défend l'idée d'un modèle de société d'intelligence collective et de performance du monde associatif. Explications.
Robert Sue considère que, contrairement à ce que pensent certains beaux penseurs, notre lien social ne cesse de se renforcer. Car nous assistons à l'émergence d'une société de la connaissance dans laquelle l'essentiel de nos savoirs vient des contacts entre les personnes. Pour lui, la crise financière sonne le glas d'un système en faillite: "La crise ne résulte pas seulement des défaillances d'un vieux monde qui se meurt mais aussi d'un nouveau monde qui tarde à s'imposer, faute d'un mode d'emploi adapté."
L'individu et le groupe sont au coeur de ce changement. Les règles changent. Par exemple: "La plupart des DRH en conviennent: le diplôme est une facilité de sélection des candidats, nullement une assurance de réussite, laquelle dépend désormais davantage des aptitudes personnelles et des capacités d'adaptation et d'implication dans le milieu professionnel."
Selon lui, l'économie de demain consistera moins à executer et reproduire. Elle sera centrée sur "la production de nouveaux agencements, de nouvelles façons de faire ou de nouveaux biens, en mobilisant des compétences qui elles-mêmes, doivent constamment évoluer." Conséquence: l'individu doit cultiver sa propre employabilité grâce à l'accès à un environnement plus intelligent, plus dense en informations et en réseaux sociaux.
Robert Sue considère donc que, dans cette transformation en cours de notre société, le monde associatif représente un levier particulièrement performant. Pour lui, il constitue un gisement majeur de compétences transversales et individuelles requises par les entreprises. Il cite Peter Drucker qui écrivait, il y a vingt ans: "Vous voulez que votre entreprise réussisse? Traitez-la sur le mode associatif". Le Réseau et les associations de toutes natures ont un rôle clé à jouer pour établir le nouveau contrat social nécessaire à notre société. Le problème, c'est de leur en faire prendre conscience. Rapidement si possible, il y a urgence.
Commentaires
a suivre
Cher Hervé,
cette analyse est vraiment digne d'intérêt ! à appliquer également (surtout) à nos jeunes qui sont parfois devenus des geeks considérant que la valeur de l'info vient d'internet et pas des autres jeunes et adultes...
perte de confiance en eux-mêmes, dans leur capacité à s'engager et à échanger avec leurs alter egos..en chair et en os ?!
bien à toi, Bertrand