Élargir de façon constante notre réseau est utile car, année après année, une partie de celui-ci prend sa retraite ou sort de notre écosystème.
Mais ce renouvellement permanent de notre réseau n’est efficace que si l’on évite notre tendance naturelle au clonage.
Cette inclination au clonage s’explique par le fait que travailler avec des individus qui nous ressemblent, possèdent les mêmes racines et partagent les mêmes idées que nous, fluidifie les relations et facilite les échanges. En effet, les informations se transmettent d’autant plus vite que l’on n’est pas tenté de remettre en cause la pensée de son clone. Ainsi, collaborer avec des gens qui pensent comme nous simplifie la vie professionnelle, diminue les difficultés et, somme toute, nous rassure sur notre compétence et sur notre valeur au sein du groupe.
Brian Uzzi, professeur de sociologie à l’université de Northwestern, et Paul Ingram, professeur de management à Columbia, ont justement souligné le fait qu’un réseau de clones représente un danger à terme, dans la mesure où il empêche les nécessaires remises en question et l’expression des différences de points de vue. Trop de similarités réduisent l’accès à une information originale ainsi que la créativité et la capacité à sortir du cadre pour trouver des solutions inédites. En d’autres termes, si tout le monde pense comme moi, je me retrouve enfermé au sein d’une « chambre d’écho » qui renvoie en permanence mes propres idées et pensées.
La diversité représente une condition indispensable pour assurer l’efficacité du networking. Elle est d’autant plus difficile à atteindre qu’elle se heurte à un autre obstacle : le principe de proximité. C'est-à-dire, ce réflexe humain qui consiste à construire son réseau avec les personnes avec lesquelles on passe le plus de temps. Cet entourage proche est facile d’accès, ne demande aucun effort pour être joint et représente un cocon sans risques, où l’on est toujours bien accueilli et dans lequel on peut se ressourcer facilement.
Le principe de proximité tend à renforcer le principe de similarité et d’enfanter un réseautage agréable, mais peu efficace. En effet, ce n’est pas en s’enfermant ainsi dans un monde de quasi-clones que l’on peut ressentir l’envie de se remettre en question et de progresser. Un tel comportement limite l’accès à l’information disruptive et réduit la capacité à sortir des schémas préétablis dans la recherche de solutions innovantes. De surcroît, le fait de relier son réseau de clones à d’autres clones amplifie le phénomène de ghettoïsation et les risques d’hémiplégie sociale qu’il comporte.
Comment lutter contre le cercle vicieux créé par la conjugaison des principes de similarité et de proximité ? Brian Uzzi conseille d’appliquer le principe d’« activités partagées ». Le meilleur moyen d’échapper au risque expliqué plus haut consiste à privilégier les occupations sortant de la routine et de la vie de tous les jours. Le réseautage efficace se forge via des activités, professionnelles ou non, qui permettent de se connecter à des personnes diverses et variées se distinguant de ses propres standards de confort. Les sports d’équipe, les associations caritatives ou religieuses, les groupes de projets en entreprise, toutes ces occasions réunissant des personnes différentes dans une activité commune constituent l’antidote au réseautage de clones.